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La brise capricieuse du kaïros
Hommage au philosophe Evanghélos
MOUTSOPOULOS
La brise capricieuse du kaïros dans l'azur,
Souffle à la cime des âmes éperdues,
Des intuitions vagabondes, brefs murmures,
Que le silence récolte au creux de
sa paume nue.
Dans l'éther s'agitent de rondes notes
musicales
Berçant les planètes égarées
d'une étreinte absolue,
De baisers ailés s'unissent les atomes
crochus
Et voilà le mariage des constellations
astrales.
Quelques voies lactées d'une blancheur
nuptiale
Recouvrent le ciel ouvert d'une patine d'argent,
D'une lumière absolue, vaste couronne
royale
Déposée sur le crâne de
ce monde chancelant.
La brise capricieuse du kaïros dans l'azur,
Souffle à la cime des âmes éperdues,
Des intuitions vagabondes, brefs murmures,
Que le silence récolte au creux de
sa paume nue.
Des notes se hissent sur les lignes d'une gamme,
Apeurées par le vide on les entend
qui crient,
Elles ont peur de voler, de passer ces flammes,
La grâce furtive, les bords tranchants
de la folie.
C'est alors qu'il arrive en des temps fortuits
Qu'elles soient recueillies par des compositeurs,
Alchimistes vertueux ou médecins au
grand cœur
Qui guident leurs pas vers le jardin de la
mélodie.
La brise capricieuse du kaïros dans l'azur,
Souffle à la cime des âmes éperdues,
Des intuitions vagabondes, brefs murmures,
Que le silence récolte au creux de
sa paume nue.
Sur un bureau, tapissé de feuilles noircies
de douleurs,
Le dos courbé, l'œil pétrifié,
un buste animé s'agite.
Tel l'acrobate, ses mains sont son unique
moteur
Et pendu aux ficelles de sa pauvre mémoire,
il médite.
Sur quoi ? Sur qui ? L'homme mis à
nu est si futile !
Mais accablé par ce monde brisé
de mots inutiles,
Il s'enfuit ; ô ! triste refuge que
cette pauvre place,
Où l'HOMME n'est que le reflet de sa
petite glace…
La brise capricieuse du kaïros dans l'azur,
Souffle à la cime des âmes éperdues,
Des intuitions vagabondes, brefs murmures,
Que le silence récolte au creux de
sa paume nue…
VILLEGAGNONS
Paris, novembre 2001